Comprendre la violence conjugale masculine

La violence conjugale masculine entraîne la femme dans un cycle. Des périodes de tension, d’agression, d’invalidation et de rémission se succèdent. Chaque fois que le cycle se répète, la violence s’aggrave.

Le cycle de la violence conjugale masculine

Le concept visuel des murs de la violence conjugale masculine a été développé par L’Alliance gaspésienne des maisons d’aide et d’hébergement pour actualiser le cycle de la violence conjugale. Le choix d’illustrer la violence conjugale masculine par des murs s’inspire de l’expression « être prise entre quatre murs », qui représente très souvent l’état dans lequel la femme violentée se retrouve. Par définition, un cycle est immuable et se répète toujours. Cependant, les murs sont tous munis de portes dont la femme possède la clé pour sortir du cycle.

Durant cette période, la femme ne sait pas ce qui se passe et ne comprend pas les raisons pour lesquelles son conjoint adopte certains comportements envers elle : excès colériques, intimidation, changements rapides d’humeur, etc. De son côté, le conjoint accuse la femme d’être responsable de la tension qu’il crée dans le couple. Par conséquent, elle a peur, elle anticipe le pire et essaie par tous les moyens d’abaisser la tension. Elle évite de contrarier son conjoint et cherche à lui faire plaisir, tentant ainsi d’éviter l’agression.

Au cours de cette période, la violence éclate. Elle se présente sous l’une ou l’autre de ces manifestations : verbale, psychologique, économique, sociale, sexuelle, physique. La femme, sous le choc, est susceptible de ressentir de la tristesse, de la haine, de la peur ou de la colère.

À la suite de l’agression, l’homme nie, minimise ou justifie son comportement. Il cherche toutes sortes de prétextes pour expliquer l’éclatement de la violence : provocation ou insoumission de la femme, fatigue, stress, problèmes familiaux ou professionnels, consommation d’alcool ou de drogue, etc. Il dit qu’il a perdu le contrôle, qu’il a « vu rouge ». Devant toutes ces justifications, la femme se croit responsable des comportements violents de son conjoint. Elle croit qu’en modifiant ses propres comportements ou ses attitudes, la violence n’aura plus sa place au sein du couple. Elle minimise alors l’importance des émotions qui l’habitaient au moment de l’agression.

Après la période d’invalidation, l’homme exprime habituellement des regrets. Son but est de se réconcilier avec sa conjointe. Il adopte alors des comportements susceptibles de regagner la confiance de la femme. Il s’explique, demande pardon, promet de ne plus être violent, se montre doux, gentil, affectueux, etc. La femme, remplie d’espoir, accepte de lui donner une nouvelle chance. La violence s’aggrave à chaque cycle de répétition de ces étapes.

L’origine de l’expression

Au Québec, grâce aux luttes féministes des années 1970, la violence exercée par le mari à l’endroit de sa femme a été hautement dénoncée, forçant ainsi les systèmes politiques, juridiques, sociaux et médicaux à la reconnaître. Au moment où la violence conjugale migrait de la sphère privée à la sphère publique, le type d’union qui caractérisait la presque totalité des couples était le mariage.

Puisqu’au sens littéraire le terme « conjugal » se rapporte exclusivement au lien matrimonial qui unit deux personnes, le choix de qualifier de « conjugale » cette forme de violence était tout à fait justifié. Aujourd’hui, même si la réalité est tout autre, parce que la plupart des couples vivent en union de fait ou séparément, le terme « conjugal » demeure largement employé.

L’utilisation de l’expression « violence conjugale » pose un problème en matière de précision, à savoir qui, de l’homme ou de la femme, exerce ou subit cette violence. Cette ambiguïté comporte un enjeu : elle occulte les statistiques officielles qui démontrent clairement que ce sont majoritairement les femmes qui la subissent. Plus encore, la violence s’exerce très souvent après la séparation, alors que le lien conjugal est rompu.

Par souci de précision, L’Alliance gaspésienne des maisons d’aide et d’hébergement a tenté d’actualiser le terme « conjugal » et de lui trouver un remplaçant. Malgré la consultation d’un expert et la réalisation de recherches étymologiques, il est rapidement apparu évident que la construction et la promotion d’une nouvelle appellation nécessiteraient un investissement d’énergie considérable. Or, trop de luttes importantes restent à mener en matière de violence conjugale, auxquelles la priorité doit être accordée. Par souci de précision et de justice, nous proposons un ajout à l’appellation usuelle, soit l’adjectif « masculine ». Le maintien de l’emploi du terme « conjugal » assure la poursuite de l’utilisation d’un langage commun, alors que l’ajout de « masculine » propose une formulation plus juste.

Si vous vous questionnez sur votre relation de couple, si vous voulez en parler, communiquez avec l’équipe de L’Émergence pour en discuter en toute confidentialité.

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