L’origine de l’expression
Au Québec, grâce aux luttes féministes des années 1970, la violence exercée par le mari à l’endroit de sa femme a été hautement dénoncée, forçant ainsi les systèmes politiques, juridiques, sociaux et médicaux à la reconnaître. Au moment où la violence conjugale migrait de la sphère privée à la sphère publique, le type d’union qui caractérisait la presque totalité des couples était le mariage.
Puisqu’au sens littéraire le terme « conjugal » se rapporte exclusivement au lien matrimonial qui unit deux personnes, le choix de qualifier de « conjugale » cette forme de violence était tout à fait justifié. Aujourd’hui, même si la réalité est tout autre, parce que la plupart des couples vivent en union de fait ou séparément, le terme « conjugal » demeure largement employé.
L’utilisation de l’expression « violence conjugale » pose un problème en matière de précision, à savoir qui, de l’homme ou de la femme, exerce ou subit cette violence. Cette ambiguïté comporte un enjeu : elle occulte les statistiques officielles qui démontrent clairement que ce sont majoritairement les femmes qui la subissent. Plus encore, la violence s’exerce très souvent après la séparation, alors que le lien conjugal est rompu.
Par souci de précision, L’Alliance gaspésienne des maisons d’aide et d’hébergement a tenté d’actualiser le terme « conjugal » et de lui trouver un remplaçant. Malgré la consultation d’un expert et la réalisation de recherches étymologiques, il est rapidement apparu évident que la construction et la promotion d’une nouvelle appellation nécessiteraient un investissement d’énergie considérable. Or, trop de luttes importantes restent à mener en matière de violence conjugale, auxquelles la priorité doit être accordée. Par souci de précision et de justice, nous proposons un ajout à l’appellation usuelle, soit l’adjectif « masculine ». Le maintien de l’emploi du terme « conjugal » assure la poursuite de l’utilisation d’un langage commun, alors que l’ajout de « masculine » propose une formulation plus juste.